Printemps à Eguilles, circa 1907
Huile sur toile, signée en bas à gauche
72 x 92 cm
Provenance :
Collection particulière, France
Exposition :
Alfred Lombard (1884-1973), exposition au centre de la Vieille Charité, Marseille, 17 octobre - 28 novembre 1987, reproduit au catalogue n°9, p.31.
Bibliographie :
Giulia Pentcheff, Alfred Lombard, Editions Galerie Alexis Pentcheff, Marseille, 2019, reproduit sous le n°17 p.170.
Alfred Lombard est assez peu connu du grand public car, intéressé par la peinture murale qu'il a également pratiquée et théorisée, sa production de tableaux de chevalet est très restreinte.
Il est pourtant l’une des personnalités les plus remarquables parmi les peintres qui évoluent en Provence au début du XXème siècle, l’un des artistes les plus novateurs de la région.
Ce tableau, exécuté autour de 1907, en est la preuve. C’est un véritable manifeste pour l’avènement d’une nouvelle peinture. Tout dans ce tableau déclame à la fois l’amour du peintre pour le paysage de sa Provence d’origine et le besoin de l’interpréter différemment sur la toile.
Techniquement, c’est une petite révolution picturale que Lombard nous propose, emporté par la vague Fauve qui a déferlé sur le Salon d’Automne, auquel il vient juste d’être admis.
Les couleurs, bien-sûr, si elles nous sautent encore aux yeux aujourd’hui, sont d’une violence et d’une crudité à peine supportables pour le spectateur de l’époque, qui a bien du mal aussi, à appréhender cette composition à la fois simplifiée dans ses formes et complexe dans son agencement, à tel point que la perception classique de l’espace se dérobe.
Aux côtés de son ami Pierre Girieud, Lombard milite pour l’avènement à Marseille de Salons de peinture vivante, qui permettraient enfin aux jeunes artistes de pouvoir montrer leur travail en province.
Véritable animateur culturel de sa ville, dès 1907, il est à l’origine de ce projet qui prend de l’ampleur en 1912 et 1913 avec l’incroyable aventure des Salons de Mai, qui est malheureusement stoppée par la guerre.
Avec cette oeuvre audacieuse, Lombard affirme sa vocation de peintre novateur.
Pour en arriver là, il a dû affronter les commandements de ses parents et les convenances de son milieu.
Dans cette émancipation artistique, il a pu compter sur ses amis Joachim et Marie Gasquet, les poètes qui ont recueilli, élevé et encouragé son âme d’artiste dans leur domaine de Fontlaure, à Eguilles, non loin du paysage qui inspira ce tableau. C’est dans cette campagne d’esthètes, dans l’admiration du paysage provençal et des oeuvres de Cézanne, nourrie par les lectures poétiques, que s’est forgée sa conviction artistique profonde.