Le grand bassin de Marquayrol au soleil, vue latérale depuis la maison
Huile sur toile, signée en bas à droite.
78 x 107 cm
Provenance :
Famille de l'artiste, par succession
Exposition :
Côté jardin : de Monet à Bonnard , Musée de Giverny, 1er avril - 1er novembre 2021, reproduit au catalogue d'exposition sous le n°92 p. 166.
Avis d’inclusion dans les archives destinées à l’élaboration du Catalogue Raisonné d’Henri Martin établi par Marie-Anne Destrebecq-Martin.
"En 1899, Henri Martin acquiert, dans le petit village de Labastide-du-Vert, dans le Lot, une vieille bâtisse du XVIIIème siècle, qui domine la vallée.
Doté d'une pergola installée sur une large terrasse, le domaine est spectaculaire : il comprend un pigeonnier, plusieurs bassins, une vigne, un ensemble de cyprès et est souvent représenté par l'artiste.
Marquayrol est une résidence d'été, que Martin occupe de mars à novembre : il peint donc l'extérieur et les habitants vaquant à leurs occupations.
En 1939, il en fera sa résidence principale.
Ici, Martin dépeint le bassin aux géraniums, agrémenté d'une statuette mythologique.
“Après trois mois passés à la campagne en tête à tête avec la nature, confiera-t-il vers 1910 au critique de La Dépêche, Bernard Marcel, la pleine lumière éclatante et diffuse, estompant les lignes des personnages et du paysage, m'obligea impérieusement à la traduire par le pointillé et la décomposition du ton”.
Il oriente ainsi son art vers le divisionnisme. Il crée ses peintures selon les préceptes de Paul Signac et Georges Seurat et divise sa touche en de multiples points.
L'oeil du spectateur s'adapte et recrée la vision d'ensemble du paysage représenté.
L'habileté de Martin consiste à plonger le visiteur dans un enchevêtrement végétal où la circularité du bassin répond à la verticalité des arbres de l'arrière-plan.
Ce foisonnement de fleurs et de feuilles se double de la multiplication des touches de couleurs, où dominent le rouge et le vert.
Aucune présence humaine n'anime ce bassin, conférant à ce paysage une présence mystérieuse.
Martin se souvient ainsi de sa période de décorateur symboliste de la fin du XIXème siècle et investit cette vue de jardin d'une grande sensualité : selon une synesthésie chère à Charles Baudelaire dans son poème “Correspondances” (Les Fleurs du Mal, 1857), les odeurs des fleurs semblent répondre au mouvement des feuilles des arbres."
Notice du tableau rédigée par Cyrille Schiama, commissaire de l'exposition Côté Jardin, de Monet à Bonnard, Musée de Giverny, 1er avril - 1er novembre 2021, publiée au catalogue d'exposition p. 178-179.