Émile Bernard – Peintre visionnaire entre modernité et tradition
Une vocation affirmée, la quête d'une liberté formelle
La famille d’Émile Bernard quitte Lille, où l’enfant est né en 1868, pour s’installer à Paris. Le jeune homme suit d’abord les cours de dessin de l’École des Arts Décoratifs, avant d’intégrer, à partir de 1884, l’atelier de Fernand Cormon. Il y rencontre Louis Anquetin et Henri de Toulouse-Lautrec, mais en est exclu pour raisons disciplinaires.
Bernard rejette l’académisme de l’atelier, en quête d’une liberté formelle nourrie par l’observation directe de la nature et l’étude des maîtres anciens.
Il entreprend alors un voyage à pied de six mois à travers la Normandie et la Bretagne, un périple fondateur qui lui révèle l’intensité du paysage et la nécessité de s’en affranchir pour mieux le traduire.
L’invention d’un nouveau langage plastique
Émile Bernard est particulièrement connu pour avoir initié, aux côtés de Louis Anquetin, un vocabulaire visuel révolutionnaire, qu’il continue de développer dans les années suivantes.
À l’automne 1888, sa rencontre avec Paul Gauguin à Pont-Aven marque un tournant majeur. Ensemble, ils jettent les bases d’un art nouveau, fondé sur la simplification formelle, la synthèse des impressions et le refus du naturalisme.
Le cloisonnisme – formes aplaties, cernées de noir, rythmées par la couleur – devient le vecteur d’une peinture intérieure, construite non plus face au motif, mais à partir de la mémoire et de l’émotion.
Le synthétisme, plus large, associe vision spirituelle et construction plastique.
Ces innovations plastiques annoncent déjà les audaces du symbolisme et influencent les avant-gardes du XXᵉ siècle.
« Il fallait peindre, non plus devant la chose, mais en la reprenant dans l’imagination qui l’avait recueillie… »
— Émile Bernard, Souvenirs inédits sur Paul Gauguin, 1941
Égypte, mysticisme et retour à la tradition
En 1891, à la suite de sa rupture définitive avec Gauguin, à qui il reproche de s’approprier leur démarche commune, Émile Bernard part vivre en Égypte. Il y restera une dizaine d’années, épouse en 1894 la fille d’une riche famille égyptienne, et s’imprègne profondément de l’Orient, dont il absorbe les symboles, les rythmes, et la lumière.
Cette période de retrait nourrit une peinture plus mystique, sensible aux questions spirituelles et philosophiques, marquée par un retour progressif aux grands maîtres et à la tradition picturale européenne.
Écrits, engagements et radicalité esthétique
À son retour en France, Émile Bernard s’installe dans le Nord, puis à Paris. Il prend sous son aile le jeune André Maire, qui deviendra son beau-fils. Il fonde la revue La Rénovation Esthétique et y publie, parfois sous pseudonyme, des textes fervents en faveur d’un retour à la beauté et à la rigueur classique.
Il se positionne en réaction contre l’avant-garde moderne, défendant une vision humaniste de l’art fondée sur l’héritage et la transcendance.
Sa peinture devient plus sévère, parfois intransigeante. Pourtant, ses nombreux écrits témoignent d’un artiste profond, souvent incompris, entièrement fidèle à ses convictions.
Redécouverte critique
En 2015, une exposition à l’Orangerie, organisée par le Musée d’Orsay, remet en lumière l’œuvre d’Émile Bernard, dans sa double dimension plastique et théorique. Elle révèle un créateur complet, penseur de l’image et des formes, longtemps resté dans l’ombre de ses contemporains.

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