Victor
BRAUNER

(1903 - 1966)

Victor Brauner – L’image intérieure

 

Une jeunesse roumaine en rupture avec l’académisme

Originaire de Roumanie, Victor Brauner naît le 15 juin 1903 dans la petite ville de Piatra Neamț. Sa famille s’installe ensuite à Bucarest, où il est inscrit, à l’âge de seize ans, à l’École des Beaux-Arts.
Son langage plastique heurte d’emblée les conventions de l’époque : ses œuvres sont jugées scandaleuses et il abandonne ses études.

Il expose néanmoins dès 1924, et publie dans la revue 75 HP, qu’il cofonde avec le poète Ilarie Voronca, son Manifeste de la Picto-poésie affirmant l’union indissociable entre peinture et poésie.
75 HP ne comptera qu’un seul numéro, mais deviendra la seule revue d’avant-garde roumaine de son temps.
Elle témoigne de l'engagement de Brauner dans les mouvements avant-gardistes, notamment Dada.

Paris, Breton, et la naissance d’un univers

En 1930, Victor Brauner effectue son premier séjour à Paris, où il rencontre André Breton et le groupe surréaliste.
Breton préface le catalogue de sa première exposition à la Galerie Pierre Loeb.
Il reconnaît en Brauner une voix singulière, déjà en marge : un peintre du pressentiment, plus attiré par l’introspection que par les règles d’un groupe.

Brauner est un contemplatif, méfiant envers les dogmes. Il compose un univers mental nourri de visions, qu’il peint comme des avertissements — entre réalité, rêve et symboles personnels.

Retour en Roumanie et premiers exils

À la fin des années 1930, Brauner retourne en Roumanie. Il y subit la montée du fascisme et l’antisémitisme, et collabore à plusieurs journaux engagés.
Face à la répression, il repart pour la France en 1938.

La même année, il perd un œil au cours d’une altercation, événement fondateur qui marque le début d’un cycle d’œuvres métaphoriques, “images somnambuliques”, à la frontière entre rêve, mythe et destin.
Il continue de fréquenter les surréalistes (il avait adhéré officiellement en 1934), tout en conservant sa distance intérieure.

L’exil intérieur : guerre, création, retrait

Pendant la guerre, Brauner se réfugie en zone libre. Il est successivement caché dans les Pyrénées, à Marseille, puis dans les Hautes-Alpes.
Malgré les conditions difficiles, il continue à créer, utilisant des matériaux de fortune : cire, café, objets divers…
En 1945, de retour à Paris, il installe son atelier dans l’ancien atelier du Douanier Rousseau, qu’il considère comme un signe.

Rupture avec le surréalisme et affirmation d’un mythe personnel

En 1947, Brauner participe à l’Exposition internationale du surréalisme à la galerie Maeght. Mais dès 1948–1949, il rompt définitivement avec le groupe surréaliste, alors composé de Miro, André Masson, Max Ernst, etc.
Comme Breton l’avait pressenti, Brauner suit une voie propre, loin des canons du surréalisme collectif.
L’indépendance devient sa règle : il se méfie de la notoriété, qu’il considère comme un danger pour l’esprit.
Il invente alors un monde d’êtres hybrides, anthropomorphes, mêlant animal, objet et symbole.

Le dernier cycle : mythologies d’un monde en fin de course

Jusqu’à sa mort en 1966, Victor Brauner poursuit son exploration intérieure, entre visions mystiques et critique du monde moderne.
Affaibli par la maladie, il crée la série des “Mythologie et Fêtes des mères”, tableaux-objets pleins d’ironie noire et de poésie.
Un testament d’artiste lucide, qui aura traversé le siècle les yeux tournés vers l’invisible.

BRAFA 2024
BRAFA 2024

28 janvier 2024 - 4 février 2024

BRAFA 2023
BRAFA 2023

28 janvier 2023 - 5 février 2023

Fine Arts Paris & La Biennale 2022
Fine Arts Paris & La Biennale 2022

13 novembre 2022 - 19 octobre 2022